Alain Laurent défend l’individualisme libéral à Genève

Alain Laurent, qui est pour un libéralisme musclé, est fâché avec l’humanisme actuel qui relève de la naïveté sur la réalité humaine et d’un excès d’optimisme béat.

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Alain Laurent (Crédits : Alain Laurent, tous droits réservés)

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Alain Laurent défend l’individualisme libéral à Genève

Publié le 14 novembre 2019
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Par Francis Richard.

Lundi, Alain Laurent était l’invité de l’Institut Libéral pour intervenir sur le thème : L’individualisme libéral : la belle alliance entre liberté et responsabilité.

Pierre Bessard, directeur de l’Institut, rappelle que l’intervenant est philosophe, essayiste et directeur des collections Bibliothèque classique de la liberté et Penseurs de la liberté aux Belles Lettres, auteur de l’anthologie L’autre individualisme.

Il rappelle que gauche et droite sont anti-individualistes et qu’elles l’assimilent à l’égoïsme. À gauche, on voudrait interdire aux individus de prendre l’avion, de consommer de la viande etc., et à droite on voudrait qu’ils appartiennent à un groupe, à un peuple, à une nation.

Alain Laurent se propose de parler de trois monstres : l’individualisme, le libéralisme et… l’individualisme libéral.

Le libéralisme toujours en accusation

L’individualisme est même fustigé par des capitalistes. Ainsi Harmonie mutuelle a fait passer une publicité dans Le Monde avec le slogan : Avançons collectif ! et avec l’engagement de son président pour une société plus inclusive et plus solidaire

Dans Causeur un éditorialiste s’en est pris récemment au « libéralisme débridé » et à « l’individualisme forcené. »

Le libéralisme serait bon en politique et mauvais en économie. Le libéralisme ne serait acceptable que dans le sens américain, c’est-à-dire quand il est progressiste, socialiste…

Les penseurs libéraux ne souffrent pas d’une telle hémiplégie. Qu’il s’agisse, par exemple, de John Locke ou de Benjamin Constant qui se disait libéral en tout et pour lequel chacun doit développer ses facultés comme bon lui semble sans que s’exerce sur lui de pouvoir arbitraire.

Dans À l’Est d’Eden, John Steinbeck écrit :

Notre espèce est la seule créatrice et elle ne dispose que d’une seule faculté créatrice : l’esprit individuel de l’homme. Deux hommes n’ont jamais rien créé. Il n’existe pas de collaboration efficace en musique, en poésie, en mathématiques, en philosophie. C’est seulement après qu’a eu lieu la création que le groupe peut l’exploiter. Le groupe n’invente jamais rien. Le bien le plus précieux de l’homme est le cerveau isolé de l’homme.

Autrement dit, il n’existe que des individus et il ne peut y avoir de groupes sans individus. Cette conception est à l’opposé du paternalisme ou du collectivisme, qu’il soit sociologique, moral ou économique: les communautés sont des lieux de résidence forcée.

L’individualisme bien compris

L’individualisme bien compris se caractérise par le libre gouvernement de soi, l’autodétermination et le vivre pour soi et par soi. Il diffère des individualismes aristocratique, anarchisant, existentiel, spirituel, libertaire ou libertarien. Il se trouve à l’intersection entre l’individualisme et le libéralisme.

Pour les penseurs libéraux (John Locke, Benjamin Constant, John Stuart-Mill, Yves Guyot, Albert Schatz, Alain, Karl Popper, Bruno Leoni, Friedrich Hayek, Jean-François Revel, Norberto Bobbio ou Mario Vargas Llosa), il ne peut y avoir de libéralisme sans individualisme et celui-ci est prééminent.

Le libéralisme apporte à l’individualisme sa philosophie sociale, une manière de vivre avec les autres : on ne peut pas être libéral tout seul. Il limite l’individualisme, il sanctuarise les droits individuels et il fait assumer les conséquences de ses actes avec la responsabilité individuelle.

L’individualisme apporte au libéralisme une méthodologie pour pallier l’insuffisante prise en compte de la souveraineté de l’individu, maître et propriétaire de lui-même, dont les ennemis sont non seulement l’État, mais le collectif, c’est-à-dire l’appartenance à un groupe, qui serait donc propriétaire de l’individu.

Les phénomènes collectifs sont inter-individuels : on vit en société, ce qui ne veut pas dire que la société existe.

Cette synergie entre liberté et individualisme est ce qui fonde l’Occident. Lequel a à résoudre les problèmes de la distribution équitable des chances d’émancipation, du narcissisme de groupe (nationalismes, corporatismes etc.) et de la minoration des menaces.

Alain Laurent, qui est pour un libéralisme musclé, est fâché avec l’humanisme actuel qui relève de la naïveté sur la réalité humaine et d’un excès d’optimisme béat. Il ne faut pas confondre la tolérance avec l’hyper-tolérance. La tolérance n’est pas synonyme d’acceptation des idées dominantes.

Les libéraux doivent mettre le paquet contre les ennemis de l’individu et ne pas accepter lâchement n’importe quoi : ainsi faut-il empêcher de nuire les intolérants avérés.

En résumé : La liberté, ça se défend.

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  • Merci à l’auteur de rappeler que l’individualisme est indissociable de la responsabilité individuelle et n’a rien à voir avec l’égoisme.
    La liberté ca se défend , oui, (en particulier vis à vis de l’état) mais il faut etre aussi prêt à en payer le prix dans sa propre vie. Ce choix n’est pas toujours facile.

    • Il semblerait que le microcosme politique se moque bien du tiers comme du quart et revêt bien souvent les plumes du paon pour jouer au libéral sans en penser un traitre mot, exemple : Micron.

  • Je ne comprends pas l’auteur quand il dit que l’individualisme bien compris diffère de l’individualisme libertarien ????

  • Liberalisme ? Personne (ou si peu) en France ne sait ce que c’est !

    Ce matin encore sur LCI, devant une tablée d’experts, un représentant des urgentistes expliquait le naufrage du système de santé par 40 ans de ‘libéralisme’ , et tous ont opiné du chef sans même entrevoir l’énormité du propos…

    CPEF

    • Lol. Effectivement c’est pas la peine d’insister. Changeons nous nous mêmes en force de conviction. Devenons des phares plutôt que d’essayer d’allumer les autres.

    • Le terme capitalisme ne fait plus recette et surtout, il faut toujours rajouter au XXIème siècle un préfixe à ces termes : “néo”. Donc le pire mal du moment, c’est le “néo-libéralisme”. Et pour le combattre, le “néo-écologisme” est là pour vous servir 🙂

    • On annonce à un homme qu’il est atteint d’un cancer.
      comme traitement on lui administre de l’aspirine
      son état se détériore, alors on augmente progressivement les doses d’aspirine.
      l’homme décède et tous les médecins déclarent ” on ne lui à pas donné assez d’aspirine…”
      remplacé l’homme par la société et l’aspirine par le socialisme…

  • 100% d’accord. L’ensemble des individus compose un groupe. C’est assez logique que l’individu qui pense par lui même puisse être une menace pour les régimes « démocratiques » actuels. Maintenant si l’on isole Einstein à l’individu cela ne fonctionne plus. J’aime à penser (et je peux me tromper) qu’il y a un inconscient collectif dans lequel l’individu peut aller piocher. Cet inconscient collectif est nourrit par l’ensemble des individus/êtres de l’univers. Ainsi l’individu est aussi important que le groupe et devrait selon la conception Bouddhiste permettre de faire rayonner l’individu pour créer un meilleur groupe. Logique contraire aux Français qui veulent imposer une norme collective pour faire taire l’individu. Base du communisme et du pire chez l’humain.

    • “Cet inconscient collectif est nourrit par l’ensemble des individus/êtres de l’univers.” ouh la la !!!! on n’est plus dans le concret, mais dans le concept religieux là !!!

      • Que neni. Concept plus grand que la religion. Car la religion vient de l’homme est essaye d’expliquer ce qui lui est plus grand. Souvent en écrabouillant ses semblables (ou en les faisant exploser). Le truc est plus cool. Enfin pour ceux qui arrivent à l’accepter. C’est de loin le plus simple des chemins !

      • Du reste le bouddhisme comme le libéralisme ne sont respectivement ni religieux ni économique. Les deux sont une philosophie et je trouve une certaine complémentarité dans les 2. Même si ces dernières années ça vire à l’écologie.

  • J’ai essayé, une fois, d’expliquer à une collègue que l’individualisme n’était pas synonyme d’égoïsme, mais (je simplifié pour faire court) qu’il s’agissait d’autonomie. Elle est restée de marbre, incapable de se déprendre de la signification qu’elle donne au mot “individualisme”. Je lui aurais expliqué que H2O n’a rien à voir avec l’eau qu’elle n’ aurait pas davantage réagi, comme pour éviter d’énerver un fou dangereux.

  • “Alain Laurent, qui est pour un libéralisme musclé, est fâché avec l’humanisme actuel qui relève de la naïveté sur la réalité humaine et d’un excès d’optimisme béat”
    Je penses plutôt que l’humanisme actuel n’est rien d’autre qu’une forme de tyrannie, une sorte de puritanisme que tente d’imposer les prétendu élites sous couvert de tolérance et de relativisme. ces gens la méprise le peuple et s’autoproclame guide de la pensée pour mieux assoir leur pouvoir sur le société.

  • L’individualisme bien compris, comme l’entend Alain Laurent, est effectivement indissociable de la responsabilité individuelle et la seule voie vers la liberté. Quant à empêcher de nuire les intolérants avérés, c’est une tâche d’autant plus lourde qu’ils ne se conçoivent pas comme tels mais comme détenant les clés de la raison.

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